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avr
06

Déclaration de candidature par François Hollande

François HollandeJe voulais d’abord vous exprimer toute ma gratitude pour le soutien que vous m’avez apporté tout au long de ces dernières années, de ce long parcours corrézien fait de victoires, parfois d’embûches mais toujours de joies partagées et encore ces dernières semaines à l’occasion
des élections cantonales qui m’ont permis, grâce à vous, de rester président du conseil général de notre département avec une majorité élargie.
C’était pour moi indispensable si je voulais aller plus loin. Ma démarche est de l’ordre de l’évidence, de la simplicité, de la clarté. C’est en effet, ici, par le suffrage, que je tire ma légitimité et la force de mon engagement.
Comment pouvais-je prétendre à la plus haute responsabilité du pays si un jour elle m’est confiée si je n’avais pas au préalable la confiance de ceux qui me connaissent ?
Désormais, c’est de la France qu’il s’agit, notre pays, notre grand pays, un pays dont nous sommes fiers.
Fiers à la fois des valeurs qu’il porte, des atouts qu’il recèle et des capacités humaines qu’il contient ; fiers de la diversité des hommes et des femmes sur l’ensemble du territoire ; diversité qui a toujours fait notre richesse ; fiers du lien social qui a donné à notre pays dans son histoire la cohésion qui lui a permis d’avancer. C’est pourquoi je n’accepte pas l’état aujourd’hui dans lequel la France se trouve et je n’accepte pas davantage la situation qui est
faite aux Français. Je ne me résous pas à ce pessimisme, à cette difficulté de voir individuellement, collectivement notre avenir.
Je refuse la division sciemment entretenue par un pouvoir qui joue avec le feu en attisant les antagonismes et les peurs.
Je refuse l’injustice, les inégalités de revenus, de patrimoines aggravées encore par des faveurs fiscales au profit aux plus privilégiés.
Je ne supporte pas la souffrance dans laquelle vivent trop de nos concitoyens, harassés par tant de difficultés et tant d’amputation de leur pouvoir d’achat.
Je n’admets pas la violence qui s’intensifie signant l’échec des discours répétés sur l’insécurité.
L’Etat et je ne m’en réjouis pas, aujourd’hui, apparaît sans direction, sans cap et pire encore
sans morale avec les risques d’une fuite en avant périlleuse dans une forme de sauve-qui peut de la part d’un président en fin de course.
Voilà pourquoi j’estime que le moment est venu de mettre la France en avant.

Mettre la France en avant, c’est lui donner un projet productif, qui mobilise les forces du travail mais aussi de l’épargne, les acteurs publics : Etat, collectivités locales pour créer les emplois de demain et préparer notre avenir.
Mettre la France en avant, c’est faire le pari de la jeunesse, de son éducation, de sa qualification, de son orientation, de son insertion, de son entrée dans la vie, de son accès au logement.
De la réussite de la jeunesse, dépend aussi la nôtre. C’est pourquoi, il faut qu’il y ait ce pacte entre les générations qui permettent à la France d’avancer.
Mettre la France en avant, c’est faire le choix de la justice fiscale, sociale, territoriale ; c’est n’abandonner personne, aucun quartier, aucun espace, en métropole comme en Outre Mer et faire en sorte que chacun puisse se sentir ici en France à l’égal de l’autre.
Mettre la France en avant, c’est réconcilier, rassembler, unir autour des principes républicains : la dignité humaine, la liberté mais aussi la laïcité qui ne doit pas être un sujet de débat, encore moins un pugilat mais un ensemble de règles qui s’imposent à tous.
Mettre la France en avant, c’est porter un message fort en Europe, celui de la suprématie de la démocratie sur les marchés ; c’est porter un message clair dans le monde, celui des Droits de l’Homme, celui de l’émancipation des peuples et de le faire avec constance, cohérence et respect.
Voilà ce qui attend la Gauche et les socialistes. Ils ont la responsabilité de montrer la direction.
C’est un moment exceptionnellement difficile pour notre pays. La Gauche doit se situer à la hauteur des enjeux, sinon le pire est à craindre : l’extrémisme, la défiance, la résignation.
La Gauche doit être à la hauteur de la tâche qui lui est confiée. Elle doit dire la vérité et en même temps, elle doit lever une espérance, écrire une nouvelle page de notre histoire, ouvrir une période de changement et de progrès et montrer qu’un chemin est possible, que la France peut avancer et surtout offrir à la génération qui vient après nous un avenir meilleur que le nôtre, une vie meilleure.
J’estime qu’il n’y a plus de temps à perdre ; il y a urgence ; il faut qu’il y ait des idées et une incarnation du changement.
C’est la raison pour laquelle, ici à Tulle, j’ai décidé de présenter ma candidature à l’élection présidentielle à travers la primaire du Parti socialiste.
L’issue de cette primaire qui prépare l’élection présidentielle doit être la meilleure non pas simplement pour le Parti socialiste et pour la Gauche mais pour la France. Ce qui nous attend, ce n’est pas simplement une compétition entre nous, de savoir qui et pourquoi mais c’est d’être capable de donner à la France et la fierté qu’elle mérite et aux Français la confiance qu’ils attendent.