La distribution de l’eau potable est un service public de la compétence des municipalités ou des communautés de communes. Celles-ci peuvent opter soit pour la gestion directe, en créant une régie municipale, soit pour la gestion indirecte, en délégant ce service public à une société privée. Si la société privée se charge de la gestion et de la distribution de l’eau, sans construire d’équipements, elle agit dans le cadre d’un contrat d’affermage. Si non, elle construit en plus les usines de traitement et le réseau de canalisations nécessaires. Elle opère alors dans le cadre d’un contrat de concession.
Depuis plusieurs années, on constate de gros écarts entre le coût, plus faible pour le contribuable dont la commune est en régie et celui soumis à une société privée. Dans le Mantois, l’AREP ( Association pour le Retour de l’Eau en régie Publique) constate une différence ( de prix de 24 à 40 % de plus) de la fourniture de l’eau et de l’assainissement confiés à Suez ou à Véolia dans les douze communes de la communauté d’agglomération de Mantes, comparés aux communes qui sont en régie publique ( Limay ou Bonnières). A Poissy, le prix de la distribution de l’eau potable a augmenté se 33% en 10 ans. Payons-nous un service ou engraissons-nous des actionnaires de multinationales ?
Les services de l’eau, comme de nombreux services publics, n’échappent pas à la privatisation. Il est pourtant fondamental que ce bien public ne soit pas confisqué. Le manque de transparence est un autre inconvénient de ces grands groupes. Ainsi, rares sont les municipalités informées de l’état de leur réseau de distribution, des conduites en plomb restant à supprimer. Pourtant, chaque municipalité doit mettre en place une Commission Consultative des Services Publics Locaux (CCSPL). Composée d’élus et de représentants de la société civile, elle permet d’accéder à toutes les informations relatives à la gestion de l’eau, même si son rôle n’est que consultatif.
De plus en plus de collectifs locaux de citoyens s’inquiètent de cette main mise sur le juteux marché de l’eau potable. L’AREP a organisé la projection gratuite à Mantes et poursuit la mobilisation des citoyens. Des associations EAU SECOURS essaiment dans de nombreux départements.
ATTAC (Association pour la Taxation des Transactions financières et pour l’Action citoyenne) n’est pas en reste avec son réseau de collectifs locaux mobilisés sur le thème de l’eau : AQUATTAC. Ce travail militant aboutit à changer la donne pour des communes de toutes tailles, de Limay à Paris.
Il est temps de pousser les communes à la réflexion, au rythme des contrats qui arrivent à leur terme, comme celui de la Lyonnaise avec la ville de Poissy en 2015. Dans cette optique, on comprend mieux la crainte que suscite chez les multinationales de l’eau le film de Leslie Franke et Herdolor Lorenz et la déprogrammation de sa diffusion sur Arte. Ah ! Les pressions des multinationales ! Mais ceci est une autre histoire…
Philippe COUZINOU