La France doit reconnaître l’Etat palestinien. Je ne suis pas antisémite, mais je dénonce la poursuite illégale de la colonisation dans les territoires palestiniens qui mine la viabilité d’un future Etat palestinien. Rappelons que la Palestine historique était composée de l’Israël actuel avec les territoires palestiniens occupés de la Cisjordanie et de Gaza. Occupé depuis des siècles par une population arabe de confession musulmane, chrétienne et juive, ce territoire fut choisi par le mouvement sioniste depuis la fin du siècle dernier comme patrie pour tous les juifs persécutés en Europe, choix auquel l’Holocauste donna un argument de poids. Le drame de ce choix, c’est que la Palestine n’était pas un pays « sans peuple », selon les termes du slogan sioniste. Aussi la création d’Israël, en 1948, qui força à l’exode le peuple palestinien, fut ressentie par lui comme une injustice absolue qui l’empêchait de reconnaître le fait accompli, et par les pays arabes limitrophes, pris par le rêve de l’unité, comme une tentative de briser à jamais le projet d’intégration et de modernisation. Deux logiques s’opposent et mobilisent des stratégies internationales contradictoires. Les différents pas, faits dans le sens de la reconnaissance, comme le voyage de Sadate en Israël, la reconnaissance accordée à Israël par certains pays arabes et l’OLP, la restitution du Sinaï, sont en panne actuellement à cause du refus d’Israël de reconnaître aux palestiniens le droit à l’autodétermination, et pas seulement à une administration civile. Aujourd’hui, il y a d’un côté un Israël et de l’autre une Palestine, mais sans frontière précise. Israël étant reconnu par les palestiniens et un certain nombre de pays arabes, il manque la reconnaissance de la Palestine par Israël qui ouvrirait la voie à une paix globale, y compris avec d’autres pays comme le Liban et la Syrie. Seule cette reconnaissance pourrait faire évoluer les sociétés arabes et Israël, et les préparer à une intégration régionale où le principe de l’Etat ne serait plus l’ethnie ou la religion, mais la citoyenneté dans la démocratie et le pluralisme. A défaut d’une solution dans ce sens le cauchemar des croisades hante les esprits. La France s’honorerait de suivre la Suède, faute de l’avoir devancé, qui a reconnu l’Etat palestinien le 30 octobre dernier.