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nov
10

Gaz de schiste

Nous  devons faire un essai d’exploration contrôlé, surveillé pour montrer notre capacité à produire notre gaz de schiste.
Je souhaite, en tant que professionnel « retraité » de l’industrie pétrolière, vous présenter mon point de vue sur cette question qui fait polémique depuis longtemps et essayer d’en dégager des idées plus claires que celles qui sont aujourd’hui présenter par ceux qui en connaissent bien peu, mais qui polluent les médias de leurs affirmations.
Les HNC sont des hydrocarbures identiques à ceux qui sont exploités à ce jour : la seule différence étant qu’ils sont restés dans leur matrice d’origine que l’on appelle les roches-mères, alors que les conventionnels ont été expulsés de cette matrice et se sont retrouvés dans des pièges stratigraphiques. Ce gaz « maudits » est tout simplement du méthane, CH4, le plus simple de tous les hydrocarbures comme celui que nous utilisons pour nous chauffer, nous éclairer, et faire la cuisine.

Les techniques de forage pour accéder à ces roches mères que sont les schistes sont les mêmes que celles qui se pratiquent depuis des décennies : il y a eu plusieurs milliers de puits forés en France sans incident notoire, en particulier sans pollution des nappes phréatiques qui sont traversées et isolées au cours de ces forages.

C’est la technique d’exploitation qui diffère puisqu’il est nécessaire de fissurer ces roches afin de créer une micro-perméabilité qui permettra au fluide de s’écouler : c’est ce que nous appelons la stimulation Hydraulique ( la « fracturation » dans le langage commun).

La stimulation hydraulique est une technique ancienne systématiquement utilisée dans certains réservoirs « conventionnels ». Elle est donc bien maîtrisée.

Ce qui fait la différence dans les cas des HNC, c’est le fait de son utilisation sur une plus grande échelle.

Le fluide de stimulation est essentiellement composé d’eau (plus de 90%) : il en faut certes des quantités importantes, variables d’un puits à l’autre, mais :

a-   La consommation d’eau est ponctuelle et non permanente

b-  Une bonne partie de cette eau est récupérée et traitée  (notre législation est très stricte en ce domaine) et peut être récupérée.

c-   Il ne peut être question de prélever cette ressource au détriment de besoins prioritaires (agricoles par exemple)

d-  Elle représente une infime portion de ce qui est utilisé industriellement ou même pour des besoins moins nobles comme le lavage des véhicules.

Les additifs présentés comme hautement toxiques et en quantités phénoménales ne sont que des produits d’une utilisation courante dans notre vie quotidienne (alimentation, cosmétique, produits ménagers) ; ils sont en nombre très limité (une douzaine environ) et la profession n’a rien à cacher à leur sujet.

Le « mitage » du territoire que présente le film Gasland a pour origine la loi nord-américaine où le propriétaire du sol est aussi propriétaire du sous-sol, ce qui incite chaque propriétaire à avoir un puits sur son terrain. Ceci n’existe pas en France et la profession sait depuis longtemps forer un grand nombre de puits à partir d’une seule emprunte au sol réduite.

On sait également depuis longtemps minimiser les nuisances occasionnées lors du forage : de nombreux puits ont été forés en France en zone urbaine ou péri-urbaine sans que les riverains en soient sérieusement incommodés. Ces nuisances sont de plus très limitées dans le temps et la production en elle-même n’en produit aucune.

De plus ample détails techniques sont disponibles sur le site internet  (www. Foreur.net)

Cet aspect technique ayant été précisé, et on pourra y revenir  je souhaite maintenant attirer votre attention sur les considérations socio-économiques.Les hydrocarbures non conventionnels

HNC

En effet, les HNC, plus communément connus sous le nom de « gaz de schiste » ont été l’objet d’une campagne de dénigrement sans précédent orchestrée par certaines personnalités avec l’aide d’un film dit « documentaire », « Gasland » de l’américain Josh Fox.

Cette campagne a été reprise par un certain nombre de collectif, avec l’appui de médias plus soucieux de sensationnel que d’exactitude technique. Les politiques de tous bords ont suivi le mouvement sans malheureusement écouter les avis de personnes compétentes, ce qui a conduit à la loi interdisant la « fracturation hydraulique » et à l’annulation de plusieurs permis de recherche dont les titulaires ont d’ailleurs déposé un recours.

les considérations socio-économiques.

L’important déficit de notre balance commerciale est dû en grande partie(plus de 60 milliards d’euros) aux importations de pétrole et de gaz : il est inutile d’insister sur l’aspect positif qu’aurait une production nationale alors que le prix du gaz ne cesse d’augmenter en France en raison des contrats passés avec les fournisseurs étrangers.

Les emplois qui pourraient être générés par l’exploitation des HNC sont des emplois nationaux non dé-localisables et cette activité nécessite une main-d’œuvre importante.

Nous avons en France une expertise dans tous les domaines nécessaires à ces travaux et les industriels sont prêts à faire face à un développement de la demande.

La France est un des derniers pays d’Europe à n’avoir pris en considération que les aspects qui pourraient être négatifs de l’exploitation des HNC Je ne comprends pas cette frivolité.

Je ne suis pas un citoyen inconscient des enjeux du réchauffement climatique et de la nécessité de réduire l’utilisation des énergies fossiles, mais :

a-   l’humanité aura encore besoin pendant de nombreuses décennies des hydrocarbures pour certains modes de transport, pour l’industrie chimique, etc.

b-  D’autres pays vont utiliser des HNC et en fournir à bien meilleur marché que les énergies renouvelables pendant de nombreuses années : il faut donc développer les techniques de captage et de stockage du CO2 pour limiter les effets négatifs des hydrocarbures.

c-   Certaines énergies renouvelables comme le photovoltaïque sont très consommatrices en ressources naturelles, leur fabrication tend à devenir le monopole de la Chine : il y a donc un grand risque à leur faire une part trop grande dans notre politique énergétique. De plus, le photovoltaïque comme l’éolien ne présentent aucune garantie de disponibilité immédiate en cas de besoins ponctuels : ils nécessitent donc d’être complémentés par des centrales thermiques fonctionnant au gaz.

Pour toutes ces raisons que je viens d’exposer, je vous demande de considérer la question des HNC avec pragmatisme, hors de toute idéologie et sans céder aux inévitables pressions que des intérêts particuliers aussi divers que variés ne manqueront pas d’exercer sur chacun de nous.

Il faut apporter les arguments techniques qui compléteront ces considérations socio-économiques.

Mais soyons patients car le temps milite en notre faveur.

En effet, il deviendra de plus en plus difficile, pour un pays comme le notre, de se procurer les hydrocarbures dont il aura besoin, face à la concurrence des pays émergents qui pourront payer les prix demandés par les producteurs.

C’est alors que nous nous pencherons sur le gaz dit de schiste et, compte tenu du retard que nous aurons pris pour son exploitation, il est probable que nous l’achèterons à nos voisins étrangers ce qui coûtera moins cher vraisemblablement que le produire nous même.