Monsieur le Maire, Mes chers Collègues,
Lors du prochain conseil municipal, deux éventualités se présentent pour moi : ou bien je serai Maire-adjoint, ou bien je serai assis quelque part au fond de cette salle comme auditeur attentif d’un nouveau conseil municipal auquel je ne participerai plus. Comme cette dernière hypothèse n’était malheureusement pas à exclure et qu’elle marquerait alors pour moi la fin d’un engagement municipal de 19 années, j’ai souhaité, en toute amitié, vous adresser quelques mots, sans nostalgie mais non sans un certain regret.
Non sans un certain regret car ces 19 années se sont passées bien vite. Mais elles m’ont permis de mettre en pratique l’un des verbes les plus beaux de la langue française : « servir ».
Existe-t-il en effet plus beau et plus honorable mandat que celui de conseiller municipal ?
Ce mandat local, le plus humble de notre démocratie, est aussi le plus utile en ce qu’il prend en compte l’intérêt immédiat et concret de nos concitoyens qui attendent des solutions à leurs problèmes et à leurs besoins et demandent des réponses rapides et courageuses, même si elles sont parfois impopulaires.
Mes Chers Collègues, nous avons ensemble des valeurs communes : le partage, la prise de responsabilité et le bien commun.
Je suis fier d’avoir, pendant ces 19 années, toujours défendu mes convictions et essayé de vous les faire partager. Je reconnais avoir souvent traversé des moments marqués par la difficulté naturelle de toute opposition, mais dans ces périodes-là, les caractères bien trempés savent réagir, et l’important est que la volonté de l’engagement ne faiblisse jamais et que ce combat ne se fasse pas pour des places, des postes ou des prébendes, mais seulement pour des idées et des valeurs. Si Jean JAURES semble redevenir un exemple ces derniers temps, je n’ai, quant à moi, jamais oublié son admirable discours à la jeunesse dont toutes les phrases seraient à citer, mais dont je retiens celle-ci : « Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. »
Si je dois, ce soir, quitter cette salle multimédia pour la dernière fois comme conseiller municipal, je veux ici remercier d’abord Mr. le Maire de nous avoir laissé, la plupart du temps, la possibilité de nous exprimer comme nous le souhaitions.
Je veux ensuite remercier le personnel administratif et technique de la mairie pour ses compétences et sa gentillesse et en particulier :
- Celui du service général auquel j’ai souvent donné bien du travail pour la reprise de mes interventions dans les comptes rendus du conseil.
- Celui du service des mariages avec lequel je n’ai eu, grâce à la délégation du Maire, que du plaisir à officier. Ces cérémonies forment sûrement le plus beau de mes souvenirs personnels où l’émotion et la joie ont toujours été au rendez-vous.
- Enfin je vous remercie, vous aussi chers collègues, car je n’ai eu, avec la plupart d’entre vous, que de bonnes relations, voire des relations amicales et je n’ai jamais eu à me plaindre de l’accueil que vous m’avez, en général, réservé ici.
- Je dois reconnaître que la mandature qui se termine aura été pour moi la plus agréable des trois auxquelles j’ai participé. Je rajouterai même, que j’ai beaucoup apprécié la qualité de nos travaux ici en Conseil, mais aussi là où j’ai pu participer, dans la commission urbanisme et à l’office municipal du tourisme. L’initiative de Roselle de nous demander que l’on s’appelle par notre prénom, a permis une convivialité qui ne faisait rien oublier de nos différences. Celles-ci, au contraire, ont permis la confrontation de nos expériences mutuelles sur les problèmes concrets analysés, dont les solutions avaient des conséquences directes sur la vie de nos concitoyens.
Une autre mandature se prépare. Quelle qu’elle soit, l’opposition y sera utile. Elle sera « le poil à gratter » nécessaire à toute majorité.
Je partirai la conscience en paix, avec la conviction, humble et modeste, d’avoir tenté de faire évoluer et mieux vivre ma ville en réussissant à vous convaincre parfois de nous suivre dans nos propositions.
Il y a encore beaucoup de travail pour lutter contre les inégalités, pour une société plus juste et plus humaine et il faudra beaucoup de courage pour y parvenir.
Notre démocratie a besoin d’engagement citoyen, de volontaires et de bénévoles pour travailler au service de tous.
Pour ceux qui s’inquiètent de mon devenir, si je devais ne plus être conseiller municipal après le 16 mars, et je les en remercie, je réponds que je continuerai aussi longtemps que possible mon action bénévole là où je peux être utile et en particulier auprès des jeunes de Saint Germain, en les aidant dans leurs études, mais aussi en les conseillant et en les guidant quand ils me le demanderont.
Je continuerai aussi par solidarité d’aider ceux qui ne sont coupables que de fuir la terreur ou la misère de leur pays, coupables de vouloir vivre le plus dignement possible et de rêver, pour leurs enfants, à un avenir meilleur. Et je ne peux être qu’indigné, quand je vois mon pays se donner pour objectif un quota de 25.000 expulsions par an et, regretter de ne l’avoir pas atteint, sans considération pour ceux qu’on fiche et qu’on traque et dont la vie n’est qu’exil, misère et angoisse.
Comme vous le voyez, je ne manquerai pas d’occupation.
Je souhaite bon courage à celles et ceux qui resteront dans le prochain mandat, et longue vie à celles et ceux qui s’arrêteront avec celui-ci.
A ceux qui gardent une parcelle de pouvoir, à ceux qui pensent l’avoir perdu en quittant leur fonction, je leur dit ce qu’écrivait Gabriel Delaunay que j’ai eu l’honneur de connaître, ancien Préfet de la Région Aquitaine dans son livre : « Le miroir d’étain » :
« L’autorité, la seule qui compte, c’est celle que tu avais avant, si tu ne l’as pas gâchée et celle que tu garderas quand tu ne seras plus rien. »
Merci à Mr. le Maire de m’avoir laissé ce temps de parole supplémentaire et, merci à vous, chers collègues, de m’avoir, une fois encore, écouté .( pour écouter la vidéo, taper: jean Laurent Saint Germain en Laye)